Le confinement serait-il la meilleure solution pour empêcher la propagation du Covid-19, surtout dans un pays comme Haïti
À chaque situation qui a tendance à perdurer et à impacter d’une manière ou d’une autre la vie sociale, politique et/ou économique, s’en vient son lot de mots à la mode, son vocabulaire de circonstance… Qui est branché les infos en ces temps de la pandémie du nouveau coronavirus, et n’a pas déjà entendu des dizaines de fois, sans exagérer le fameux mot confinement ? Bien évidemment à côté d’autres mots et expression très en usage comme principes d’hygiène, distanciation sociale, mesures de prévention, cas suspects, cas confirmés etc. Il est clair que cette maladie qui a commencé vers la fin de l’année 2019 en Chine, et qui n’a pas tardé à se rependre dans bon nombre de pays, a catapulté le monde dans un chaos soudain et désarmant. Le covid-19 a réussi à mettre, même les pays les plus avancés de la planète face à leurs limites, et fait planer sur les pays les plus démunis un voile d’inquiétude.
Ainsi peut-on voir les dirigeants constamment en train d’annoncer et de faire appliquer des mesures de toutes sortes pour tenter d’apporter une réponse adéquate aux méfaits de tout ordre, dû à la pandémie. Parmi les mesures les plus prisées, il y a le confinement. Vu que le virus se transmet essentiellement par contact humain, les spécialistes de la santé jugent qu’il est de bon ton d’inviter les gens à rester chez eux, de manière à réduire considérablement les interactions physiques et du coup de réduire le taux de propagation de la maladie.
Si le confinement est, en principe une mesure de prévention et en plus l’une des plus efficace, c’est aussi une mesure très lourde de conséquence, quand on considère toutes ses implications tant d’ordre économique que sociale. En Chine par exemple, il a fallu confiner quasi complètement la ville de Wuhan, épicentre de l’épidémie afin d’enrayer la propagation de la maladie, pendant pratiquement deux mois. Les résultats n’ont pas tardé à se faire voir, tant sur le plan sanitaire qu’économique, mais pas dans le même sens. Bon nombre de gens ont commencé à avoir des soucis sur le plan économique et financier, des entreprises se retrouvent en grande difficulté, d’autres sont certaines de mettre la clef sous la porte bientôt, si ce n’est déjà fait. Plusieurs pays dans les autres continents également ont dû se résoudre à adopter la politique du confinement plus ou moins strict aussi à certain stade de la crise sanitaire, à titre d’exemple, nous pouvons citer l’Italie qui demeure à ce jour le pays européen le plus touché par le covid-19, l’Espagne, la France, la Russie, les USA etc. Et partout, les conséquences économiques et financières se ressemblent, à un point tel qu’en l’espace de quelques semaines, non seulement les plus grandes fortunes du monde ont vu leur capital diminuer, la liste des milliardaires a aussi enregistré une perte de plus de 220 personnes, selon un rapport du magazine Ford, paru le 7 avril dernier. C’est un tableau assez sombre résultant de la pandémie, en elle-même mais aussi des mesures qui ont dû être adoptées et en tête de liste, le confinement.
Quid d’Haïti ? Depuis le 19 mars, le président de la République a annoncé deux premiers cas de l’épidémie dans le pays. Et depuis, le secteur de l’éducation est complétement à l’arrêt et d’autres secteurs d’activités connaissent un ralentissement plus ou moins important. Bien qu’on entende parler de confinement à tout bout de champs dans les médias et aussi dans les discussions entre individus, il est clair que ce modèle n’est pas compatible avec la réalité du pays, comme plusieurs voix se sont déjà élevées pour le dire. Il y a plusieurs raisons à cela. Déjà il faut comprendre que la notion de confinement en elle-même, comme mesure de distanciation physique est vraiment difficile à intégrer dans la mentalité et la culture haïtienne ; nous sommes des habitués de la promiscuité, qui s’explique notamment par une forte bidonvilisation du pays, spécialement dans les zones urbaines. Notre niveau de précarité si élevé ne fait pas que ça, comme dégât… On notera également que plus six millions de personnes vivent en deçà du seuil de pauvreté c’est-à-dire avec moins de 2,40 dollars américain par jour, et plus de 2,5 millions en dessous du seuil de pauvreté extrême, avec moins de 1,23 USD par jour, selon le rapport de la Banque Mondiale, paru en octobre 2019. On comprendra aisément donc qu’une très importante partie de la population vit au jour le jour et doit donc se retrouver dans les rues pour ravitailler comme elle peut pour trouver le pain quotidien qu’elle n’est même pas assurée de trouver régulièrement. Autre facteur crucial à considérer, les pays qui pratiquent le confinement sont des pays déjà développés, ce qui fait qu’ils ont des prérequis qui leur permettent de le faire c’est-à-dire les moyens économiques pour aider les plus vulnérables, une data base de la population qui est systématiquement identifiée, certains pays utilisent même des moyens de fine technologie comme le géolocalisation pour contrôler le déplacement des gens, même si ces phénomènes soulèvent d’autres débats.
À la vérité, il n’est donc pas difficile de conclure, qu’Haïti, à cause de sa situation économico- culturelle n’est pas à même d’adopter ce modèle, déjà qu’on ne peut pas compter sur la compétence de nos dirigeants pour résoudre efficacement des problèmes moins complexe. Haïti se devrait de préférence s’inspirer des modèles de gestion de la crise des pays qui lui ressemble davantage, afin de mettre en place une politique qui lui corresponde, mais que peut-on espérer de ces dirigeants qui ne savent que singer piteusement ?
Marie Cassandre L. ALTIDOR et Rose Edwidge LAMY
Rezo Kretyen Beni || RKB
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